Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/593

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— Parce que, à partir de demain, je compte n’avoir d’autre agent que moi-même.

— Et que voulez-vous faire ?

— J’irai à Blackwater par le premier train, et j’espère être de retour le soir même.

— À Blackwater !

— Oui ! depuis que j’ai quitté M. Kyrle, j’ai eu tout le temps de réfléchir. Son opinion, sur un point, confirme la mienne. Nous devons persister jusqu’au bout à poursuivre la date du voyage de Laura. Le seul côté faible du complot, et, sans doute, l’unique chance de prouver qu’elle vit encore, tiennent ensemble à la découverte de cette date.

— Vous voulez sans doute dire, reprit Marian, une découverte qui vous permettrait d’établir que le départ de Laura, lorsqu’elle quitta Blackwater-Park, est postérieur à la date de sa mort, telle que la donne le certificat du médecin ?

— C’est cela ; c’est précisément cela.

— Et qui vous fait penser que ce départ ait été postérieur au décès ? Laura ne peut rien nous apprendre sur le temps qu’elle a passé à Londres.

— Non ; mais le directeur de l’hospice vous a dit qu’elle y avait été admise le 27 juillet. Je mets en doute que le comte Fosco ait pu la garder à Londres, et l’y tenir insensible à tout ce qui se passait autour d’elle, pendant un laps de temps qui dépasse une nuit ; Dans cette hypothèse, elle a dû partir le 26, et par conséquent arriver à Londres un jour après la date que le certificat du docteur assigne à son décès. Établissons cette date, notre preuve est faite contre sir Percival et le comte.

— Oui, oui ! je vois, je me rends compte !… Mais comment nous procurer cette preuve ?

— Le récit de mistress Michelson m’a suggéré deux moyens qui peuvent être essayés pour cela. L’un d’eux est d’interroger le docteur, M. Dawson, qui doit bien savoir à quelle époque il a repris, après le départ de Laura, le cours de ses visites à Blackwater-Park. L’autre est de faire une enquête dans cette auberge où sir Percival s’est