Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/690

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Mais, tout naturellement, le « coroner » sembla regarder comme acquis aux débats que, dans ma position particulière, totalement étranger au pays, totalement étranger à sir Percival Glyde, je ne pouvais, sur ces deux points, fournir aucun éclaircissement utile.

Une fois que j’eus passé par l’étamine officielle, la marche que j’étais tenu de suivre me parut assez clairement indiquée. Je ne me sentais nullement appelé à produire spontanément un exposé quelconque de mes convictions particulières ; d’abord, parce qu’en agissant ainsi, je ne pouvais arriver à aucun résultat pratique, maintenant que la seule preuve existant à l’appui de mes conjectures avait été détruite en même temps que le registre, en second lieu, parce que je n’aurais pu exposer mon opinion, — mon opinion purement hypothétique, — sans dévoiler toute l’histoire du complot ; sans produire, par conséquent, je n’en pouvais douter, sur l’esprit du « coroner » et des jurés, la même fâcheuse impression que j’avais vue se manifester naguère dans celui de M. Kyrle.

Mais dans ces pages, et après le laps de temps déjà écoulé depuis lors, les précautions et la gêne dont je viens de rendre compte ne sauraient enchaîner l’expression libre de ma pensée. J’exposerai donc ici, avant que d’autres événements se présentent sous ma plume, comment je suis amené à me rendre compte de l’enlèvement des clefs, de la manière dont le feu put être mis, et du trépas de ce malheureux.

La nouvelle que je venais d’être mis en liberté sous caution acculait sir Percival, je l’ai déjà dit, à ses dernières ressources. L’embuscade placée sur ma route était un de ces moyens suprêmes ; l’autre, et le plus sûr des deux, était de supprimer toute preuve matérielle de son crime, en détruisant la page du registre sur laquelle le faux avait été commis. Si je ne pouvais produire un extrait régulier du registre original à comparer avec le double authentique que l’on en gardait à Knowlesbury, toute évidence manquait à mes preuves, et je ne pouvais plus le menacer de révélations qui dussent le perdre. Pour atteindre à son but, il n’avait qu’à se glisser « inco-