Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/713

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misé dans ces derniers vingt ans, pour m’assurer une véritable aisance pendant le reste de ma vie. Je n’ai pas l’intention de quitter Welmingham. Il est encore une ou deux petites victoires que je prétends gagner en cette ville. Le prêtre, vous l’avez vu, me salue ; mais sa femme, — car il est marié, n’est pas tout à fait aussi polie. Je me propose de me faire admettre dans la société de Secours mutuels, et j’entends ensuite que la femme du « clergyman » me fasse la révérence.

Si vous m’honorez de votre visite, tenez-vous pour dit, je vous prie, que notre conversation doit rouler exclusivement sur des sujets d’intérêt général. Toute allusion que vous feriez à cette lettre sera complètement inutile ; — je suis décidée à ne pas reconnaître l’avoir écrite. La preuve, je le sais, a disparu dans l’incendie ; néanmoins, j’aime mieux, si je me trompe, pécher par excès de précaution.

Ceci vous expliquera pourquoi aucun nom n’est ici mentionné, pourquoi aucune signature n’est apposée au bas de ces lignes. L’écriture est déguisée d’un bout à l’autre, et j’entends porter la lettre moi-même, en personne, de telle façon qu’il soit impossible d’en retrouver les traces jusque chez moi. Vous n’avez aucune raison valable pour vous plaindre de ces précautions, vu qu’elles n’affectent en rien les renseignements que je vous transmets ici, en considération de l’indulgence toute spéciale à laquelle vous avez droit de ma part. C’est à cinq heures et demie que le thé se sert chez moi, et mes rôties au beurre n’attendent personne.