Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/807

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pour les funérailles. J’assistai à ces funérailles avec la solennité qui convenait, et dans le plus grand deuil de la tête aux pieds.

Ici s’arrête ma relation de ces remarquables événements, écrite dans des circonstances également remarquables. Les précautions secondaires que j’observai en communiquant avec Limmeridge-House sont déjà connues ; — on sait aussi le succès magnifique de mon entreprise, et ses résultats substantiels en monnaie bonne et valable. J’ai maintenant à déclarer, de toutes les forces de ma conviction, que le seul côté faible de ma combinaison n’aurait jamais été découvert, si l’on n’eût d’abord pénétré le seul côté faible de mon cœur. Lorsque Marian fit évader sa sœur, la fatale admiration que cette femme énergique m’inspirait m’empêcha seule de parer ce coup funeste à mes intérêts. Me fiant à l’anéantissement complet de l’identité de lady Glyde, je hasardai ce péril évident. Je me disais que si Marian et M. Hartright tentaient d’affirmer cette identité perdue, ils s’exposeraient à passer publiquement pour les souteneurs d’une fraude palpable. En butte, dès lors, au discrédit et à la méfiance, ils perdaient tout pouvoir de compromettre mes intérêts ou le secret de sir Percival. Je commettais une erreur grave en me fiant ainsi à un aveugle calcul de probabilités. J’en commis une autre quand Percival eut expié d’une manière si tragique son obstination et sa violence, en sauvant encore lady Glyde que, d’un signe, j’aurais fait rentrer à l’hospice, et en laissant à M. Hartright une seconde occasion de m’échapper. Bref, dans cette crise importante, Fosco se trahit lui-même. Faute déplorable, en désaccord complet avec sa nature. ! Cherchez-en la cause dans mon cœur ! — Cherchez-la dans l’image de Marian Halcombe, cette première et dernière faiblesse à noter dans la vie de Fosco.

C’est à l’âge de soixante ans que je fais cet aveu, sans pareil dans l’histoire des hommes. Jeunes gens ! j’en appelle à votre sympathie, jeunes filles ! je réclame de vous quelques pleurs.