Page:Collins - La Pierre de lune, 1898, tome 1.djvu/115

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bien reconnaissable, la pauvre fille, et pourtant l’erreur ici était évidente, puisque ce jeudi-là Rosanna était restée malade et enfermée dans sa chambre.

La seconde nouvelle nous fut apportée par le facteur. Le digne M. Candy n’avait pas été plus heureux dans sa plaisanterie sur son propre compte que dans celles qu’il faisait sur le prochain, et lorsqu’il avait comparé la peau d’un docteur à un tissu imperméable, le cher homme était tombé dans l’erreur.

La preuve en était que, mouillé jusqu’aux os, la fièvre l’avait pris, et le facteur nous le dépeignit comme ayant le délire et bavardant autant dans cet état que dans la vie habituelle. Nous fûmes tous affligés pour le docteur, mais M. Franklin parut surtout contrarié de sa maladie à cause de miss Rachel. D’après ce qu’il dit à milady en ma présence au moment du déjeuner, il semblait craindre que sa cousine n’eût besoin de soins très-sérieux, pour peu qu’elle n’eût pas promptement l’esprit mis au repos en ce qui touchait à l’aventure du diamant.

Peu après le déjeuner arriva par dépêche télégraphique la réponse de M. Blake père. Il annonçait à son fils qu’avec l’aide de son ami le directeur en chef de la police, il avait mis la main sur l’homme qu’il nous fallait dans les circonstances présentes. Ils nous envoyaient le sergent Cuff, et nous pouvions compter sur son arrivée chez nous pour le lendemain matin.

En lisant le nom de cet officier de police, M. Franklin fit un brusque mouvement.

Il paraîtrait que l’avocat de son père lui avait déjà raconté, durant son séjour à Londres, de curieuses anecdotes sur le sergent Cuff.

« Je commence à croire que nous verrons la fin de toutes nos incertitudes, dit-il ; si la moitié des bruits qui courent au sujet de Cuff est vraie, il n’a pas son pareil en Angleterre pour débrouiller une affaire. »

Tout cela nous rendit impatients de voir apparaître cette célébrité.

L’inspecteur Seegrave revint à l’heure fixée, et lorsqu’il apprit qu’on attendait l’arrivée du sergent, il s’enferma sur-le champ, armé de plumes, d’encre et de papier, pour se mettre en devoir de rédiger le rapport qui lui serait certai-