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marcha jusqu’au milieu de la chambre, puis s’arrêta absorbé dans ses réflexions et les yeux fixés sur la porte de miss Rachel. Un instant après, il sembla se réveiller, balança la tête, comme pour dire : « Cela sera bien ainsi ; » et s’adressant à moi, il me pria de demander pour lui un quart d’heure d’entretien à lady Verinder.

En sortant de la pièce, j’entendis M. Franklin qui faisait une question au sergent et je m’arrêtai pour entendre la réponse.

« Commencez-vous à deviner qui a pu voler le diamant ? demandait M. Franklin.

Personne n’a volé le diamant, » répondait M. Cuff.

Nous tressaillîmes tous deux en entendant cette extraordinaire assertion, et le conjurâmes de nous en donner l’explication.

« Attendez un peu, nous répondit le sergent ; les pièces de ce casse-tête ne sont pas encore toutes réunies. »


CHAPITRE XIII


Je trouvai milady dans son petit salon. Elle eut l’air très-contrarié lorsque je lui transmis la demande du sergent.

« Est-il indispensable que je le voie ? demanda-t-elle ; ne pourriez-vous me suppléer, Gabriel ? »

J’étais fort en peine de la comprendre, et ma figure exprimait, je crois, ma surprise.

Milady fut assez bonne pour s’ouvrir à moi. « Je crains que mes nerfs ne soient un peu malades, me dit-elle. Il y a quelque chose dans cet officier de police qui m’éloigne ; j’ai comme un pressentiment qu’il apporte le malheur avec lui dans cette maison. C’est absurde, je ne me reconnais pas moi-même dans cette frayeur pusillanime, mais enfin… cela est. »

Je ne trouvai rien à lui répondre ; car plus je voyais le sergent, plus il me plaisait.