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lendemain, pendant que j’étais disposé à accepter le lendemain, et la chose fut faite. Mon esprit une fois soulagé de cette manière, je m’endormis ce soir-là avec la qualité de régisseur de lady Verinder, et je m’éveillai le lendemain matin avec la qualité d’intendant de lady Verinder. Tout alla à merveille, et cela grâce à Robinson Crusoé.

Ma fille Pénélope vient de regarder par-dessus mon épaule afin de lire ce que j’écris ; elle trouve le tout remarquablement rédigé et très-exact. Mais elle me soumet une observation juste. « On vous a demandé d’écrire l’histoire du Diamant, et c’est le seul point dont vous n’ayez pas parlé, vous n’avez fait encore que raconter votre propre histoire ! » C’est parfaitement vrai, et je ne puis m’expliquer comment je m’y suis pris pour cela. Je me demande si ceux qui font leur métier d’écrire des livres, se trouvent portés ainsi à faire l’histoire de leur vie ! en ce cas, je les plains. Voilà bien du papier de gâté, un début inutile, et qu’y faire pourtant, si ce n’est de vous prier, ami lecteur, de prendre patience, et pour moi d’aborder sérieusement mon sujet, bien que j’en sois à la troisième reprise ?


CHAPITRE III


La difficulté d’entrer en matière m’a amené d’abord et sans résultat à me gratter le front ; puis à consulter ma fille Pénélope ; de cet entretien il a surgi une idée nouvelle.

Pénélope pense que je devrais noter, jour par jour, ce qui s’est passé à la maison depuis le moment où nous apprîmes qu’on attendait une visite de M. Franklin Blake. Une fois que vous avez ainsi fixé votre mémoire avec une date, les événements viennent se grouper à cet appel avec une facilité merveilleuse. Mais comment retrouver toutes ces dates exactes ? Là, Pénélope offre de me les donner à l’aide de son