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conviction que Rosanna avait volé le diamant et l’avait caché, fouilla et refouilla tous les recoins des rochers vers lesquels on l’avait vue se diriger, mais leurs recherches restèrent vaines. Les marées montèrent et descendirent, l’été suivit son cours et l’automne vint, mais les sables qui avaient reçu la pauvre enfant gardèrent fidèlement son secret.

Les deux lettres que je reçus, celle concernant M. Franklin et celle qui m’annonçait l’arrivée de milady et de miss Rachel à Londres, m’étaient parvenues le mardi ; rien ne survint le mercredi, mais le jeudi m’apporta une seconde lettre de ma fille.

Elle m’apprenait qu’un célèbre docteur de la capitale, consulté au sujet de miss Rachel, avait gagné sa guinée en déclarant qu’elle avait besoin de distractions. On arrangeait donc pour elle une série de plaisirs tels qu’expositions d’horticulture, spectacles, bals, et à la grande surprise de milady, miss Rachel s’y prêtait avec empressement : M. Godfrey était venu les voir, il était toujours aussi aimable pour sa cousine, malgré la façon décourageante dont ses intentions matrimoniales avaient été accueillies le jour anniversaire de la naissance de miss Rachel.

Pénélope était désolée de la gracieuse réception qui lui avait été faite, et de l’autorisation donnée par sa jeune maîtresse d’ajouter son nom à la liste des Dames de charité patronnées par M. Godfrey. Elle me disait aussi que lady Verinder paraissait triste, et avait de longs entretiens avec son avoué. Suivaient quelques réflexions sur une parente pauvre, une certaine miss Clack, dont je vous ai déjà parlé comme étant la voisine de table de M. Godfrey le soir du grand dîner, et comme goûtant fort le vin de Champagne sec.

Pénélope se demandait comment miss Clack n’avait pas encore apparu, mais il ne pouvait se passer longtemps sans qu’elle s’accrochât à milady, comme c’était sa coutume ; ma fille continuait à bavarder ainsi, à la manière des femmes qui n’ont rien de plus à cœur que de se dauber l’une l’autre. Je ne vous aurais pas fait part de ces commérages insignifiants si je n’étais informé que vous êtes destinés à lire la prose de miss Clack à la suite de la mienne. En ce cas, faites-moi la grâce de ne pas croire un mot de ce qu’elle vous dira, si elle vous parle de votre serviteur.

Le vendredi s’écoula sans incident, sauf qu’un des chiens