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et combien de disputes il occasionna parmi des gens inoffensifs d’ailleurs pour savoir s’il avait tort ou raison ! Sa femme mourut, puis deux de ses enfants sur trois qu’il avait, avant que les tribunaux se fussent décidés à ne plus prendre son argent et à le débouter de ses prétentions.

Enfin le duc alors en possession resta possesseur ! À dater de ce jour, M. Blake trouva que le seul moyen de témoigner son dédain pour un pays qui l’avait traité ainsi, était de le priver de l’honneur de contribuer à l’éducation de son fils. « Quelle confiance puis-je avoir dans les institutions de ma patrie, disait-il, après la manière dont les institutions de ma patrie se sont comportées envers moi ? » Ajoutez à cela que M. Blake ne pouvait souffrir la vue d’aucun enfant, y compris le sien, et vous comprendrez que dès lors il n’avait qu’un parti à prendre. M. Franklin nous fut enlevé et on l’envoya en Allemagne, pays dont les institutions et la supériorité intellectuelle offraient toutes garanties à son père ; remarquez que, pendant ce temps, M. Blake restait confortablement en Angleterre, pour augmenter le nombre des lumières du Parlement, et publier un mémoire contre la mise en possession du duc, mémoire qui est resté inachevé jusqu’à ce jour. Dieu merci, nous voilà au courant de l’affaire de M. Blake père, et nous pouvons arriver enfin à celle du Diamant.

Le diamant nous ramènera du reste à M. Franklin, qui fut la cause innocente de l’introduction de ce malheureux joyau dans la maison.

Notre cher garçon ne nous oubliait pas, malgré l’absence. Il écrivait de temps à autre, tantôt à Milady, tantôt à miss Rachel, et enfin à moi.

Nous avions fait ensemble une petite transaction par laquelle il m’avait emprunté une pelote de ficelle, un couteau à quatre lames, et sept shillings six pence, dont je n’ai jamais revu la couleur. Je dois avouer que toute sa correspondance avec moi roulait sur le désir de m’emprunter une somme plus forte. J’apprenais du reste par Milady comment il se conduisait sur le continent, à mesure qu’il prenait de l’âge et des forces.

Lorsque le séjour de l’Allemagne lui eut fourni tout ce qu’il pouvait apprendre, il tourna ses pas vers la France