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nous en apprendre plus que le peu qu’elle m’en avait déjà dit, M. Franklin songea à questionner miss Rachel, et envoya Pénélope frapper à sa porte.

Milady répondit, et referma la porte sur elle. Un instant après, nous entendîmes miss Rachel donner un double tour à la clé.

Notre maîtresse était troublée et affligée. « La perte du diamant semble avoir accablé Rachel, répondit-elle aux demandes de M. Franklin ; elle évite d’en parler, même à moi, et cela de la manière la plus étrange. Il lui est impossible de vous voir en ce moment. »

Ces mots ajoutèrent à notre perplexité. Milady, après un instant d’effort, retrouva son sang-froid et agit avec sa décision accoutumée.

« Je pense qu’il n’y a plus d’espoir à conserver, dit-elle tranquillement, et qu’il ne nous reste qu’à faire demander la police ?

— Certes oui, et la première chose que devra faire la police, répondit M. Franklin engageant tout de suite sa tante dans cette voie, sera d’arrêter les trois jongleurs indiens qui sont venus hier soir sur la terrasse. »

Milady et M. Godfrey, qui n’étaient pas au courant de la conspiration autant que nous, tressaillirent de surprise.

« Je ne puis, continua M. Franklin, m’expliquer en ce moment. Je n’ai que le temps de vous dire que le diamant a été certainement volé par les Indiens. Donnez-moi, dit-il en s’adressant à sa tante, une lettre pour un des magistrats de Frizinghall, lui disant seulement que je représente vos intérêts dans cette occasion, et je vais monter à cheval sur l’heure, car notre meilleure chance consiste à ne pas perdre un seul instant. »

Que ce fût le côté français ou le côté anglais qui prédominât en ce moment chez M. Franklin, ce qui est sûr c’est qu’il se montrait alors tout à son avantage. Seulement cela durerait-il ?

Il plaça plume, encre et papier devant sa tante, qui, me sembla-t-il, écrivit la lettre presque à contre-cœur. S’il avait été possible de rester indifférent à la perte d’un joyau qui valait vingt mille livres, je crois qu’avec les mauvais pressentiments qui agitaient milady, et ses doutes sur l’intention