Ce fut sa seule réponse. Sa tête tomba sur mon épaule, et sa main serra la mienne au moment même où elle me priait de lui rendre sa liberté.
Je ne voulus pas insister, mais ce fut tout ce qu’elle obtint de moi. Mon seul espoir de reparaître jamais la tête haute parmi les honnêtes gens dépendait de l’influence que je conservais sur elle et qui pouvait la décider à se confier entièrement à moi. Je pouvais espérer que quelque indice, insignifiant en apparence, mais qui deviendrait mon ancre de salut, avait échappé aux yeux de Rachel, et que cette enquête, soigneusement reprise, aboutirait à la constatation de mon innocence. J’avoue donc que je gardai la pleine possession de sa main, et que je ne négligeai rien pour reconquérir l’autorité qu’elle m’avait laissé prendre sur elle autrefois.
« J’ai quelque chose à vous demander, dis-je ; je désire que vous me racontiez jusqu’au moindre incident de ce qui s’est passé depuis le moment où nous nous sommes dit bonsoir, jusqu’à celui où vous m’avez vu prendre le diamant. »
Elle souleva sa tête de dessus mon épaule et fit un effort pour dégager sa main.
« Oh ! pourquoi y revenir ? fit-elle ; pourquoi ?
— Je vais vous dire pourquoi, chère Rachel ; vous et moi, nous sommes victimes d’une erreur monstrueuse, qui revêt le déguisement de la vérité. Si nous repassons ensemble tous les faits de cette soirée, peut-être parviendrons-nous encore à nous entendre. »
Sa tête retomba sur mon épaule ; les larmes s’amassèrent dans ses yeux et commencèrent à couler le long de ses joues.
« Oh ! dit-elle, n’ai-je donc jamais eu cet espoir ? n’ai-je donc jamais tenté de voir les choses ainsi que vous le désirez en ce moment ?
— Vous n’avez essayé qu’à vous toute seule, lui répondis-je ; vous n’avez pas agi de concert avec moi qui puis vous venir en aide. »
Ces mots parurent enfin éveiller en elle un peu de cet espoir que je cherchais à trouver moi-même. Elle répondit dès lors à mes questions, non-seulement avec bonne volonté, mais en usant de son intelligence ; elle s’ouvrit tout entière à moi.