des autorités incontestables. Prêtez-moi cinq minutes d’attention et je me charge de vous démontrer que, malgré sa bizarrerie apparente, ma proposition est d’accord avec la science. Voici en premier lieu comment un homme qui n’est autre que le docteur Carpenter expose le principe physiologique sur lequel je me règle. Lisez vous-même. »
Il me tendit la bande de papier qu’il avait mise dans le livre en guise de signet ; j’y trouvai les quelques lignes suivantes :
« Il y a beaucoup de raisons pour croire que toutes les sensations qui ont été reçues par une perception intérieure sont fixées, pour ainsi dire, dans le cerveau, et peuvent se reproduire au bout d’un certain temps, bien que l’esprit n’ait pas conscience de l’existence de cette sensation tant que dure la période intermédiaire. »
« Ceci vous paraît-il clair ? demanda Jennings.
— Parfaitement clair. »
Il poussa vers moi le livre tout ouvert et me montra un passage souligné au crayon :
« Maintenant, veuillez lire ce compte-rendu d’un cas qui offre, ce me semble, un rapport direct avec votre position et avec l’expérience que je désire vous voir tenter. Remarquez d’abord, monsieur Blake, que je vous renvoie à l’un des plus célèbres physiologistes de l’Angleterre. Le livre que vous avez dans les mains est la Physiologie humaine du docteur Elliotson, et le cas que cite le docteur est garanti par le témoignage autorisé de M. Combe. »
Je transcris ici le passage indiqué.
« Le docteur Abel m’a entretenu, dit M. Combe, d’un homme de peine irlandais, employé dans un magasin, qui, une fois hors de l’état d’ivresse, oubliait tout ce qu’il avait fait étant gris. S’enivrait-il de nouveau ? il recouvrait la mémoire des actions qu’il avait accomplies pendant sa précédente ivresse. Un jour qu’il était pris de boisson, il perdit un paquet d’une certaine valeur et, quand il fut rentré en possession de ses facultés, il lui fut impossible de s’expliquer la disparition de cet objet. Peu de temps après, ayant bu, il se souvint qu’il avait laissé le paquet dans telle maison ; on s’y rendit, et comme l’enveloppe ne portait aucune adresse, on retrouva le paquet au lieu indiqué par l’homme de peine. »