Page:Collins - La Pierre de lune, 1898, tome 2.djvu/188

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« Avant toute chose, reprit-il ; il faut que vous couchiez dans la chambre où vous avez couché pendant la nuit du vol, et qu’elle soit remeublée d’une façon identique. Les escaliers, les corridors, le salon de miss Verinder devront être remis exactement dans un état semblable à celui où vous les vîtes alors. Il est absolument nécessaire, monsieur Blake, que tous les meubles qu’on a changés de place soient réintégrés où ils étaient. Le sacrifice de vos cigares sera inutile si nous n’obtenons de miss Verinder la permission de disposer ainsi sa maison.

— Et qui lui demandera cette autorisation ? fis-je.

— Ne pouvez-vous donc pas vous en charger ?

— C’est hors de question. Après ce qui s’est passé entre nous, justement au sujet du diamant, je ne puis ni la voir ni lui écrire, tant que je n’aurai pas prouvé mon innocence à ses yeux. »

Ezra Jennings s’arrêta et réfléchit pendant un instant.

« Permettez-moi de vous poser une question délicate, » dit-il.

Je lui fis signe de poursuivre.

« Ai-je raison, monsieur Blake, de croire, d’après quelques mots qui vous sont échappés, que vous éprouviez autrefois un attachement tout particulier pour miss Verinder ?

— Vous ne vous trompez pas.

— Ce sentiment était-il payé de retour ?

— Il l’était.

— Avez-vous lieu de croire que miss Verinder attacherait encore un grand prix à voir établir la preuve de votre complète innocence ?

— J’en suis même certain.

— En ce cas, c’est moi qui me charge d’écrire à miss Verinder, si vous voulez bien me le permettre.

— Vous lui parleriez de la proposition que vous m’avez faite ?

— Je lui dirais tout ce qui s’est passé entre nous dans la journée d’aujourd’hui. »

Il est inutile d’ajouter que j’acceptai avec reconnaissance le service qu’il offrait de me rendre.

« J’ai le temps d’écrire par la poste de ce soir, dit-il en regardant sa montre. N’oubliez pas de bien enfermer vos ci-