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Cette manœuvre avait été évidemment préméditée, dans le but de faire perdre leur trace : aussi revins-je sur-le-champ en Angleterre. Je quittai le paquebot à Gravesend et j’y découvris que les Indiens étaient retournés à Londres ; là je suivis leur piste jusqu’à Plymouth, où l’on m’informa qu’ils avaient fait voile, deux jours auparavant, sur le Bewley Castle, vaisseau de la Compagnie des Indes qui allait droit à Bombay.

En recevant cette nouvelle, le sergent Cuff s’arrangea de façon à en instruire sur l’heure les autorités de Bombay, afin que le vaisseau pût être, dès son entrée dans le port, visité par la police. Cette précaution prise, ma participation à l’affaire était terminée, et je n’ai rien appris depuis.


II

RAPPORT FAIT PAR LE CAPITAINE (1849).


Le sergent Cuff m’a demandé de consigner par écrit divers faits concernant trois hommes, soupçonnés d’être des Hindous, et qui prirent passage, l’été dernier, sur le navire le Bewley Castle, frété à destination directe de Bombay et placé sous mon commandement. Ces Hindous nous rejoignirent à Plymouth ; tant que dura la traversée, je n’entendis faire aucune plainte sur leur compte. Ils avaient la cabine de l’avant du bateau, et j’eus moi-même peu d’occasions de les remarquer.

Pendant la dernière partie de notre voyage, nous eûmes la mauvaise chance de rencontrer une accalmie pendant trois jours et trois nuits, dans les parages de la côte indienne. Je n’ai pas le journal du bord sous les yeux, et je ne pourrais préciser le degré de latitude et celui de longitude où nous nous trouvions. Quant à notre position, je sais que les courants nous poussaient plutôt vers la terre, et que lorsque le vent s’éleva, nous gagnâmes en vingt-quatre heures le port de Bombay.

Toute personne ayant navigué sait que la discipline d’un vaisseau se relâche toujours un peu pendant un calme plat.