Page:Collins - La Pierre de lune, 1898, tome 2.djvu/73

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— Je vous avais bien dit que vous trouveriez à vous tout seul, monsieur Bruff, si seulement je vous préparais le terrain. Dans un an à partir de l’époque où la Pierre de Lune a été remise à M. Luker, les Indiens guetteront l’occasion que les paroles mêmes de M. Luker, corroborées de votre témoignage, leur ont permis d’espérer. Quand pouvons-nous supposer approximativement que le diamant a été mis en gage ?

— Vers la fin de juin, répondis-je, si je calcule bien.

— Et nous sommes en l’année 48. Fort bien. Si la personne inconnue qui a engagé le diamant peut le retirer dans un an, le joyau rentrera de nouveau en la possession de ladite personne à la fin de juin 49. Je serai sans doute alors à mille lieues de l’Angleterre et des nouvelles ; mais vous ferez peut-être bien d’en prendre note et de vous arranger pour être à Londres pour cette époque.

— Vous croyez donc qu’il se passera quelque chose de sérieux ? dis-je.

— J’aimerais mieux pour ma sûreté, répondit M. Murthwaite, me trouver parmi les fanatiques les plus exaltés de l’Asie centrale que de franchir le seuil de la banque avec la Pierre de Lune dans ma poche. Les Indiens ont été joués à deux reprises, monsieur Bruff, mais j’ai la ferme persuasion qu’ils ne le seront pas une troisième fois. »

Ce furent là ses derniers mots à ce sujet. On apporta le café, chacun se leva, les groupes se dispersèrent et nous allâmes rejoindre les dames au salon.

Je pris note de la date ; la reproduction de cette ligne inscrite sur mon agenda terminera mon récit :

Pour juin 49. Attendez-vous à entendre parler des Indiens, vers la fin de ce mois.

Maintenant, je passe la plume, dont je n’ai plus que faire, à l’écrivain qui doit me succéder.