Page:Collins - Le Secret.djvu/259

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ment désapprobateur, et le Vandale, sans s’en occuper autrement, alla les entasser à côté de l’atlas.

Le volume que sa grosseur classait au troisième rang était comme enfoui sous plusieurs autres. Relié en maroquin rouge, on entrevoyait pourtant ses dimensions plus qu’ordinaires. Dans une autre position, ou recouvert d’une moins voyante enveloppe, il eût sans doute échappé au regard. Shrowl le dégagea, non sans quelque difficulté, l’ouvrit avec une grimace méfiante, regarda le titre… et tout à coup se frappa la cuisse avec une exclamation tant soit peu blasphématrice. Les deux mots qu’il cherchait, éclatant en énormes capitales, venaient de lui sauter aux yeux.

Il fit un pas vers la porte pour s’assurer que son maître ne rôdait pas dans la maison ; mais il s’arrêta soudain, et revint à son poste. « Que m’importe, se disait Shrowl, qu’il me voie ou ne me voie pas ? Si nous en venons à vider une bonne fois la question de savoir qui est ici le maître, et qui le serviteur, je sais bien en faveur de qui, désormais, elle sera décidée. » Calmé par cette réflexion, il se remit à examiner la première page du livre, dans l’intention bien arrêtée de l’étudier scrupuleusement, feuille à feuille, et d’un bout à l’autre. La première page était vide. La seconde portait, au sommet, une inscription à la main, dont l’encre avait singulièrement pâli. Voici ce qu’elle disait, et de quelles initiales elle était signée : Rare ; tiré à six exemplaires seulement. J. A. T. Au-dessous, et juste au milieu de la page, se trouvait la dédicace imprimée.

« À JOHN ARTHUR TREVERTON, ESQre, propriétaire du domaine de Porthgenna, un des juges de paix de Sa Majesté, F. R. S., etc., etc., cet ouvrage est dédié, où on a essayé de décrire l’ancienne et vénérée demeure de ses ancêtres. »

Suivaient pas mal d’autres lignes remplies, à éclater, de tout ce que le vocabulaire contient d’expressions obséquieusement allongées ; mais Shrowl, fort sagement, s’abstint de les lire, et en revint au titre même du livre.

Là se trouvaient, effectivement, les mots essentiels : « L’Histoire et les Antiquités de PORTHGENNA-TOWER, depuis le temps de son érection première jusqu’à l’époque actuelle ; y compris des particularités intéressantes sur la Généalogie des Treverton ; des recherches sur l’Origine de l’Architecture gothique, et quelques Pensées sur la théorie des fortifications, postérieurement à la Conquête normande ; par le révérend Job Dark, D. D., recteur de Porthgenna ; le tout orné de portraits,