Page:Collins - Le Secret.djvu/289

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tête, à l’endroit où je suis, il y a une petite glace, fêlée au centre, avec des bras à bougies, brisés, des deux côtés du cadre. Plus haut, au même endroit, il y a aussi une tête et des bois de cerf… Une partie du masque est tombée, et, d’une corne à l’autre les araignées ont tendu des toiles épaisses. Sur les autres murs je vois de gros clous auxquels sont appendues d’autres toiles d’araignées, chargées de poussière ; mais nulle part le moindre tableau… Je n’ai plus rien à vous dire des murailles… Qu’allons-nous examiner à présent ?… Ah !… le parquet.

— Il me semble, Rosamond, que mes pieds m’en ont appris assez long sur ce chapitre-là.

— Ils vous auront dit, cher ami, qu’il n’y a pas de tapis ; mais je vous en dirai, moi, bien autre chose. De tous les côtés ce parquet descend en pente douce vers le milieu de la pièce. Il est couvert d’une couche épaisse de poussière, balayée, je suppose que c’est par le vent qui souffle à travers les vitres, en ondulations étranges, moirées comme le plumage de certains oiseaux, et qui cachent absolument, en certains endroits, le planchéiage inférieur. Une idée, Lenny : si ces planches étaient à examiner en détail… oui, très-certainement, si demain nous n’avons rien trouvé, il faudra faire balayer avec soin. En attendant, n’est-ce pas, je continue à vous parler de la chambre ? Vous savez déjà comment elle est grande, comment elle est éclairée, comment sont les murs, comment est le parquet. Avant d’en venir au mobilier, y a-t-il encore quelque chose qui nous doive occuper ?… Eh ! oui… le plafond… nous aurons ainsi l’enveloppe bien complète… Il est si haut que je n’y vois pas grand’chose… Il y a, d’un bout à l’autre, de grandes fentes et des taches… le plâtre, en quelques endroits, s’est détaché par morceaux. Le mascaron central me paraît composé de petits choux et de grandes tablettes, le tout en plâtre. Deux fragments de chaîne, d’une chaîne qui, sans doute, supportait un lustre, pendent encore à l’anneau du milieu. La corniche est tellement enfumée, que je pourrais difficilement vous dire ce qu’elle représente. Elle est très-large, très-épaisse, et, en certains endroits, on croirait qu’elle a été peinte en couleurs ; c’est tout ce que j’en saurais dire… Et, maintenant, Lenny, cet ensemble de la chambre est-il bien entré dans votre imagination ?

— Parfaitement, bonne chérie. J’en ai la perception aussi vive que de tout ce que vous prenez la peine de me décrire.