Page:Collins - Le Secret.djvu/29

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Elle ouvrit la porte en disant ces mots, et se glissa dans le corridor. Là, faisant halte un moment, elle jeta un regard dans la chambre.

« Reposez en paix ! disait-elle. Soyez tranquille, il aura la lettre. »

La lampe allumée sur l’escalier lui permit de sortir du corridor. Puis, descendant à la hâte, comme pour s’enlever le temps de la réflexion, elle arriva, en une minute ou deux, jusqu’au cabinet du capitaine Treverton, une des pièces du rez-de-chaussée. La porte en était grande ouverte, et il n’y avait personne.

Après avoir quelque peu réfléchi, elle alluma un des flambeaux placés sur la grande table du vestibule, à la lampe même du cabinet de travail, et monta l’escalier qui conduisait à la chambre à coucher de son maître. Ayant plusieurs fois heurté à la porte sans obtenir de réponse, elle hasarda d’entrer. Le lit n’avait pas été défait, les flambeaux n’avaient pas été allumés, et, selon toute apparence, personne, de toute la nuit, n’était entré là.

Un seul endroit restait, où on pût espérer de rencontrer le capitaine : la chambre où le corps de sa femme gisait encore. Aurait-elle le courage de lui remettre, en ce lieu même, la lettre fatale ? Elle hésita quelque peu, mais bientôt après : « Il le faut ! il le faut ! » se dit-elle bien bas, et elle se remit en chemin, ce qui l’obligeait à redescendre une partie des escaliers qu’elle venait de gravir. Cette fois, elle descendait avec plus de lenteur, se tenant aux rampes, et s’arrêtant presque à chaque marche pour reprendre haleine.

La porte de ce qui avait été la chambre à coucher de mistress Treverton lui fut ouverte, après qu’elle se fut hasardée à y frapper, par la garde-malade qui lui demanda, d’un ton rude et soupçonneux, ce qui l’amenait.

« Je voudrais parler à monsieur.

— Cherchez-le ailleurs qu’ici. Il y était il y a une demi-heure. Maintenant il s’en est allé.

— Savez-vous où ?

— Non… Je ne fourre pas le nez dans les affaires des autres, moi… Je ne m’occupe que de ce qui me regarde. »

Et, sur cette discourtoise réponse, la garde referma la porte. Sarah, se détournant d’elle, porta ses regards vers l’extrémité extérieure du corridor. La porte de la nursery donnait là. Elle était entr’ouverte, et la clarté vacillante d’une bougie se projetait au dehors.