Page:Collins - Le Secret.djvu/297

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ce qui venait d’arriver… « Mais quoi ? lui disait-il étonné, vous parliez d’une toute petite table ?… Elle a fait, en tombant, le bruit d’un des plus gros meubles que la chambre puisse renfermer.

— C’est que, sans doute, il y avait dans le tiroir quelque chose de pesant, » dit Rosamond, encore un peu agitée par l’émotion que cette chute si bruyante lui avait causée, et se rapprochant de la table. Après avoir attendu quelques instants, pour donner le temps de s’abattre à la poussière qui s’était soulevée et qui l’entourait encore de nuages épais, presque immobiles en l’air, elle se pencha, et se mit à étudier la table gisant à terre ; et par suite de la chute, fendue dans toute sa longueur, la serrure avait cédé sous le choc.

Rosamond remit la table sur pieds, ouvrit le tiroir, et, après un coup d’œil jeté sur ce qu’il contenait : « Je savais bien, dit-elle, je savais qu’il devait y avoir quelque chose de lourd dans ce tiroir. Il est rempli d’échantillons de minerai de cuivre, absolument comme ceux qu’on apportait à mon père de ses mines de Porthgenna. Attendez !… tout au fond, aussi loin que ma main puisse arriver, il me semble que je sens encore quelque chose. »

Elle dégagea, des morceaux de métal vierge sous lesquels il était comme enfoui, un petit cadre en bois noir et de forme circulaire, à peu près de la dimension d’un miroir à main. Il s’offrit à elle du côté de l’envers, ne laissant voir, dans le disque qu’il dessinait, qu’une de ces petites planchettes de bois mince à l’aide desquelles sont assujettis les dessins ou les gravures dans les bordures de petites proportions. Ce morceau de bois, fixé par une seule pointe, avait été déplacé, très-probablement, à la suite du choc subi, et, quand Rosamond ôta le cadre du tiroir qui le renfermait, elle remarqua, entre le bord de ce cadre et la planchette ainsi délogée, l’extrémité d’un fragment de papier, plié, replié, surplié, de manière à tenir le moins de place possible. Elle retira le papier, le posa, sans l’ouvrir, sur la table, remit la planchette et la fixa dans sa position normale, puis, seulement alors, retourna le cadre pour voir s’il entourait quelque peinture.

En effet, il y avait une peinture ; une peinture à l’huile, légèrement noircie, mais du reste fort peu altérée par l’effet du temps. Elle représentait une tête et un buste de femme.

À l’instant où les yeux de Rosamond tombèrent sur cette image, elle frissonna et se rapprocha vivement de son mari, tenant toujours le petit tableau.