Page:Collins - Le Secret.djvu/325

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Sarah était bien décidée à venir ; et comme je ne pouvais, en bonne conscience, la laisser partir seule ; et aussi parce qu’elle m’avait dit qu’elle avait plus de droit que personne à reprendre la lettre pour la mieux cacher, d’autant qu’elle craignait, en la laissant plus longtemps dans cette chambre où elle l’avait mise, de la faire découvrir, voilà donc pourquoi je… non, ce n’est pas cela… il arriva donc que… Ach Gott ! s’écria l’oncle Joseph, se frappant le front de désespoir, et se soulageant par cette invocation germanique… Je me suis embourbé en plein dans mon propre bavardage… et où il faut revenir, et comment je puis m’y retrouver, c’est, en vérité, aussi vrai que je suis un pécheur encore vivant, bien plus que je n’en sais.

— Si c’est pour nous que vous vous donnez tant de mal, ne vous tourmentez pas davantage, dit Rosamond, qui, dans son désir de rendre au vieillard un peu de calme et d’aplomb, oubliait toute précaution et toute réserve… Ne répétez pas ces explications qui vous coûtent tant… Nous savons déjà…

— Nous supposerons, dit Léonard, qui intervint ici vivement pour empêcher sa femme de prononcer un mot de plus, nous supposerons que nous savons déjà tout ce que vous pouvez avoir à nous dire par rapport au secret de votre nièce, et par rapport aux motifs qui vous faisaient désirer de visiter le manoir.

— Vous supposerez cela ? s’écria l’oncle Joseph, qui semblait allégé d’un grand poids… Ah ! je vous rends grâces, monsieur, et à vous aussi, bonne dame… Je vous rends mille grâces de me désembourber ainsi de mon bavardage avec cette charitable supposition… Je ne suis que confusion, sur ma parole, de la tête aux pieds. Mais je crois que maintenant je puis continuer, et que je ne me perdrai plus… En avant, donc… et disons ceci. Première supposition : moi et ma nièce Sarah, nous voici dans le manoir. Seconde supposition : moi et Sarah ma nièce, nous voici hors du manoir… Très-bien ; nous pouvons, à présent, faire un pas de plus. Revenu dans mon domicile, à Truro, je me mets à m’effrayer pour Sarah, d’abord à cause de son évanouissement sur vos escaliers, et d’une ; puis à cause de sa mauvaise mine, qui me fait mal au cœur, et de deux. Je suis également peiné pour elle à cause de cette curieuse petite opération qu’elle venait faire ici, et dont elle n’a pas pu venir à bout. Tout cela me taquine ; mais, d’un autre côté, j’ai une pensée qui me console :