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Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/161

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le monceau, mêlé de grains et de pailles, sera formé, on le jettera par petites parties à une certaine distance au moyen du van : alors la paille, qui est plus légère, restera en deçà ; tandis que la fève, lancée plus loin, parviendra nette au point où le vanneur l’aura jetée. La lentille demande à être semée vers le milieu de l’époque des semailles, dans les douze premiers jours de la lune nouvelle, en terre légère et ameublie, bien grasse et surtout sèche : car sa luxuriance et l’humidité qui la produit font facilement couler sa fleur. Pour que la lentille profite mieux et grandisse plus vite, on doit, avant de la semer, la mêler avec du fumier sec, puis, quand elle y est restée quatre ou cinq jours, la répandre. On la sème à deux époques : la première, et en même temps la plus favorable, au milieu du temps des semailles ; la seconde, trop tardive, au mois de février. Un jugère en exige un peu plus d’un modius. De peur qu’elles ne soient dévorées par les charançons, qui la rongent même dans la gousse, il faudra veiller à ce que, aussitôt après qu’elles auront été battues, elles soient jetées dans l’eau, où l’on séparera les bons grains de ceux qui sont vides et surnagent aussitôt. On les fait sécher ensuite au soleil, on les asperge de vinaigre dans lequel on a broyé de la racine de laser, on agite le tout par un mouvement qui opère un frottement, on fait de nouveau sécher au soleil, et dès que ce légume n’est plus humide, on le met en sûreté : dans un grenier, si on en a recueilli beaucoup ; dans des vases à huile ou à saumure, si on n’en a qu’une petite quantité. Ces vases étant remplis, on les lute aussitôt avec du plâtre, et, lorsqu’on en tire les lentilles pour l’usage, on les trouve dans un parfait état de conservation. Sans recourir à cette méthode, on peut facilement conserver les lentilles en les mêlant avec de la cendre.