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Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/195

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En quels temps on doit fumer les champs.

XVI. Ceux qui veulent préparer leurs terres à recevoir du blé, doivent y déposer, au déclin de la lune, dès le mois de septembre, pour les semailles d’automne, et dans le courant de l’hiver, pour celles du printemps, du fumier par petits tas, dans la proportion de douze voies par jugère en plaine et de vingt-quatre sur les coteaux ; et, comme je l’ai dit un peu plus haut, on n’étendra cet engrais qu’au moment d’ensemencer. Si pourtant quelque cause empêche de fumer à temps, on aura recours à un autre procédé : avant de sarcler, on répandra sur les sillons, comme si l’on y jetait de la semence, de la fiente d’oiseaux réduite en poudre ; à défaut de cet engrais, on jettera à la main du crottin de chèvre, que l’on mêlera à la terre au moyen du sarcloir : on obtient une abondante récolte. Les cultivateurs doivent savoir que, si l’absence du fumier refroidit le sol, l’excès le brûle ; et qu’il est plus dans leur intérêt de fumer fréquemment que de fumer trop largement. Il n’y a pas de doute, non plus, qu’un champ humide exige plus de fumier qu’un champ sec : le premier, refroidi par les eaux qui y séjournent, se réchauffe par l’effet de l’engrais ; le second, déjà chaud par lui-même en raison de sa sécheresse, sera brûlé si on lui fournit cet amendement avec trop de prodigalité : il faut donc qu’il reçoive dans une juste proportion cet élément de fertilité. Pourtant, si un cultivateur est dépourvu de toute espèce de fumier, il lui sera avantageux de faire ce que je me rappelle avoir vu pratiquer à M. Columelle, mon oncle paternel, agriculteur très instruit et très actif : il mêlait de l’argile aux terrains sablonneux, et du sable aux terres argileuses et trop compactes. Par ce moyen, non seulement il se préparait d’abondantes récoltes, mais encore il obtenait les plus belles vignes. Au surplus, il