Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/223

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gâter le goût du vin, ni couvrir, comme d’une certaine croûte de rouille, la verdure des jeunes pousses, s’il faut nous en rapporter à Virgile, qui dit : « Un terrain salé et reconnu amer est préjudiciable aux productions ; on ne saurait l’adoucir par le labourage ; il fait perdre au vin sa qualité, et aux fruits leur bonne réputation. » Au surplus, comme je l’ai dit plus haut, la vigne ne veut ni une température glaciale ni un climat brûlant ; pourtant elle s’accommode mieux de la chaleur que du froid ; les pluies lui nuisent plus qu’un temps constamment beau ; elle préfère, une contrée sèche à une contrée pluvieuse ; un air soufflant modérément et avec douceur lui est salutaire,tandis que les tempêtes lui sont nuisibles. Telles sont les conditions du ciel et de la terre qui lui sont les plus avantageuses.

Quels sont les meilleurs plants, et quand il faut les choisir.

II. On plante la vigne soit pour en manger le fruit, soit pour le pressurer. Dans le premier cas, il n’est pas à propos de former un vignoble, excepté lorsque la ferme est tellement près de la ville, qu’on ait intérêt à vendre aux marchands, sitôt cueilli, le raisin comme les autres fruits. Quand on s’adonne à cette spéculation, on recherche principalement les raisins précoces et à chair ferme, de couleur pourpre, à grains à la fois gros et allongés, ceux de Rhodes, de Libye et des monts Cérauniens. On doit planter les espèces qui se recommandent, non seulement par l’agrément de la saveur, mais aussi par la beauté de la grappe, comme les couronnées, les trois-pieds, les onciaires, et celles dont les grains ont la forme du coing ; et aussi celles dont les raisins peuvent se conserver dans des vases pour la saison d’hiver, comme les vénucules, et les numisiennes, en qui on a récemment découvert les qualités qui conviennent à cet objet.