Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/255

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des pampres eux-mêmes produisent beaucoup, on peut sans hésiter préférer cette vigne pour y cueillir des marcottes. La marcotte est un jeune sarment né sur un scion de l’année précédente : on la nomme mailleton, parce que la partie du vieux bois qu’on laisse de chaque côté lorsqu’on l’en détache, présente l’apparence d’un petit maillet. Nous pensons que, sur une vigne très féconde, il faut choisir les marcottes à toutes les époques où on la taille ; on les enfoncera soigneusement en terre médiocrement humide, mais non marécageuse, de manière que trois ou quatre de leurs bourgeons s’élèvent au-dessus du sol. Il est, au reste, bien entendu que la vigne mère ne doit pas être sujette à perdre sa fleur, ni produire des grains qui ne se développent qu’avec peine et qui mûrissent avant ou après l’époque convenable : car, dans le premier cas, ils sont dévorés par les oiseaux ; dans le second, ils ont à souffrir des intempéries de l’arrière-saison. Une seule vendange ne suffit pas pour prouver les qualités de la vigne, car il peut arriver qu’un cep naturellement infécond produise beaucoup une fois, soit parce que le temps lui a été complètement favorable, soit par d’autres causes. Au contraire, on ne doit avoir aucun doute sur la fécondité d’une vigne dont les sarments ont justifié de leur bonne nature par plusieurs années consécutives d’excellente production. Toutefois, il n’est pas nécessaire de prolonger les expériences au delà de quatre ans : cet espace de temps, en effet, suffit pour constater la bonté des plants, parce que le soleil, dans cette période, revient aux mêmes signes du zodiaque par lesquels il avait commencé son cours. Les observateurs des mouvements célestes appellent apocatastase cet espace de temps qui embrasse mille quatre cent soixante et un jours.