Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/279

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plus forte raison ne devons-nous pas croire que le sarment qui, attaché à sa mère, ne portait que deux grappes ou même une seule, déclinera aussi, puisque souvent les plus productifs redoutent le déplacement ? Je déclare hautement que je suis plutôt le démonstrateur que l’inventeur de la méthode que je propose, de peur que l’on ne pense que je veuille priver nos pères d’une louange qu’ils ont méritée : car il n’est pas douteux que telle fut leur opinion, quoiqu’elle n’ait été consignée clairs aucun écrit, si ce n’est dans les vers de Virgile que nous avons cités, et encore ses préceptes semblent-ils ne s’appliquer qu’à la graine des légumes. Pourquoi nos ancêtres auraient-ils rejeté le sarment issu du tronc, ou même la flèche coupée sur une marcotte féconde qu’ils avaient eux-mêmes reconnue productive, s’ils eussent cru que le point d’où ils détachaient ces marcottes était chose indifférente ? Maintenant nous estimons qu’ils ne doutaient pas que la puissance fécondante résidât dans certaines parties comme dans des membres particuliers : c’est pourquoi ils condamnaient prudemment la pampinaire et la flèche comme impropres à la plantation. S’il en est ainsi, il n’est pas douteux qu’à plus forte raison ils improuvaient beaucoup plus ce sarment qui, né sur un point fécond, n’avait pas donné de fruit : car s’ils blâmaient la flèche, c’est-à-dire l’extrémité supérieure du sarment, lors même qu’elle faisait partie d’un rameau productif, à plus forte raison devons-nous penser qu’ils n’admettaient pas, s’il était stérile, le jet issu d’une partie fertile de la vigne : à moins toutefois (ce qui serait absurde) qu’ils n’eussent cru que ce rameau, coupé, détaché de sa tige et privé des aliments maternels, fût devenu fécond, lui qui ne l’était pas, secondé par sa mère. J’en ai dit peut-être plus qu’il ne convenait pour défendre ; la cause de la vérité ; mais trop peu, sans