Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les fosses étant creusées à la profondeur voulue, on place les marcottes enracinées de manière que chacune d’elles y soit couchée au milieu dans un sens inverse, et qu’elles s’élèvent ainsi, par les côtés opposés des fosses, vers les roseaux. Le planteur doit transporter, de la pépinière au vignoble, ses plants arrachés avec soin, non mutilés, aussi frais qu’il est possible, et, si faire se peut, les enlever de terre au moment même où il veut les employer ; puis les tailler tous ensuite comme les vieilles vignes, les réduire à un seul rameau vigoureux, et les débarrasser de leurs nœuds et de leurs cicatrices. S’il arrivait (ce qu’il faut surtout éviter en les arrachant) que quelques racines eussent souffert, il les coupera, puis il couchera sa jeune vigne de manière que les racines de deux plants ne s’embarrassent point entre elles. On évitera facilement cet inconvénient en disposant au milieu des fosses et transversalement quelques pierres dont le poids de chacune n’excédera pas cinq livres. Il paraît, comme le prétend Magon, que ces pierres sont un préservatif contre les pluies de l’hiver et les chaleurs de l’été. Virgile a suivi ce précepte, et voici comme il prescrit de préserver et de fortifier le plant : « Enfouissez ou des pierres poreuses ou des coquilles couvertes d’aspérités ; » et quelques vers après : « On a vu des vignerons qui chargeaient les racines de pierres ou d’énormes tessons. Ainsi ils leur procuraient un rempart contre les pluies excessives et l’ardeur de la canicule, qui dessèche et fait gercer les guérets. »

L’auteur carthaginois que nous venons de citer prouve que le marc de raisin, mêlé au fumier dans les fosses où l’on plante les marcottes, augmente leur force en provoquant et faisant jaillir de nouveaux filets aux racines ;