Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/307

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auxquels donne lieu la mort de quelques jeunes vignes.

Comment et dans quel temps on doit planter la vigne.

XVII. La discussion est vive aussi entre les vignerons, par rapport à la manière de planter les marcottes enracinées. Les uns pensent qu’il faut mettre en terre tout le sarment, tel qu’il a été détaché de sa mère, et, après l’avoir partagé en boutures de cinq et même de six yeux, ils en forment plusieurs marcottes pour les planter : c’est ce que je suis bien éloigné d’approuver. Je me range plutôt à l’avis de ces auteurs qui ont nié que la partie supérieure de la branche fût propre à donner des fruits, et qui, n’admettant que la partie la plus rapprochée du vieux bois, rejettent le surplus de la flèche. Les paysans appellent flèche la jeune portion d’un sarment, soit parce que s’élançant et franchissant l’espace, elle laisse sa mère loin derrière elle, soit parce que, par sa pointe effilée, elle ressemble à l’espèce de dard qui porte ce nom. Les agriculteurs les plus éclairés nient qu’on doive en faire usage pour la plantation ; cependant ils ne nous ont pas donné le motif de leur opinion, sans doute parce qu’il était familier à toutes les personnes versées dans l’agriculture, et sautait, pour ainsi dire, aux yeux. En effet, tout pampre fécond ne donne beaucoup de fruits qu’au-dessous du cinquième ou du sixième œil ; le reste, quoique fort long, ou ne produit rien, ou n’offre que des grappes chétives. Telle est la cause qui, avec raison, a fait taxer de stérilité l’extrémité supérieure du sarment. Au surplus, ces cultivateurs tiraient leur marcotte de manière qu’une portion de vieux bois restât attachée au sarment nouveau ; mais l’usage a condamné cette méthode : car toute cette portion, mise en terre et recouverte, pourrissait promptement