Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/313

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arrive aux sarments tordus : car, comme leur partie inférieure a été brisée pour les détacher du tronc maternel, la moelle reste à découvert, et, par l’effet de l’eau et des insectes dont je viens de parler, les vignes qui proviennent de telles marcottes ne tardent pas à dépérir. C’est pourquoi la saine raison prescrit de planter droites les marcottes, dont alors la tête, en se trouvant engagée entre les deux dents de la houe, y est facilement contenue et pressée, vu la gorge étroite de cette partie de l’instrument. Ainsi comprimé le plant pousse promptement des racines nourricières : car il en projette aussi du point qui a été coupé pour le séparer de sa mère, lesquelles, en croissant, ferment la cicatrice de la marcotte ; cette plaie d’ailleurs tournée en bas ne reçoit pas tant d’humidité que celle d’un rameau courbé, où elle est tournée en haut : formant alors une sorte d’entonnoir, elle introduit dans la moelle tout ce qu’elle reçoit des eaux pluviales.

Quelle longueur doit avoir la marcotte.

XIX. On est peu d’accord sur la longueur que doit avoir la marcotte, puisqu’il faut la couper plus ou moins courte, selon qu’elle a beaucoup ou peu de bourgeons. Cependant elle ne doit pas avoir plus d’un pied ni moins de neuf pouces : trop courte, elle aurait à la surface du sol à souffrir de l’été ; trop longue et enfoncée profondément, elle deviendrait après sa croissance difficile à arracher. Mais ceci ne doit s’appliquer qu’aux terrains plats ; car sur les coteaux, d’où la terre tend naturellement à se détacher, on peut enfoncer ce plant à un pied et un palme. De même, dans les vallées et les champs humides nous plantons des marcottes trigemmes : ce qui fait un peu moins de neuf’ pouces, et toutefois un peu plus d’un demi-pied. Si on les appelle trigemmes,