Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/315

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ce n’est pas qu’elles n’aient réellement que trois yeux, car vers le point détaché de la mère, elles en sont remplies ; mais c’est parce que, sans compter ceux-ci, il ne leur en reste que trois aux trois nœuds de cette fraction de sarment. Au reste, j’avertis le vigneron qu’il plante des marcottes enracinées ou non, d’éviter, pour qu’elles ne se dessèchent pas, les grands vents et le soleil : il les en préservera efficacement par l’interposition d’un vêtement ou d’un tissu quelconque, suffisamment serré. Toutefois le mieux est de choisir pour cette opération un jour où le vent se tait, ou, du moins, ne souffle que modérément ; quant au soleil, il est facile de s’en préserver par quelque ombrage. Avant de terminer cette discussion, il nous reste à parler d’objets que nous n’avons pas encore traités : par exemple, convient-il d’avoir plusieurs variétés de vignes, et, dans ce cas, faut-il les tenir spécialement séparées et distinctes, ou confondues et mêlées ensemble ? Nous allons d’abord discuter la première de ces questions.

Quelles sont les espèces de vignes que l’on doit planter.

XX. Un agriculteur circonspect doit se borner à planter la variété qu’il croit la meilleure, sans mélange d’aucun plant de nouvelle espèce, et à la multiplier le plus qu’il peut ; mais, s’il est prévoyant, il en emploiera de diverses natures. En effet, il ne se présente jamais d’année favorable et tempérée au point que quelque espèce de vigne n’ait à en souffrir : car si elle est sèche, l’espèce qui a besoin d’humidité dépérit ; si elle est pluvieuse, c’est un contre-temps pour celle qui veut de la sécheresse ; si elle est froide et brumeuse, le cépage qui rie peut supporter ces conditions de température réussit mal ; si enfin elle est brûlante, elle fait tort à celui qui craint les grandes chaleurs. Sans entrer dans le