Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/317

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détail de mille intempéries, il survient toujours quelque temps fâcheux pour certaines vignes. Ainsi, en ne plantant qu’une espèce, si le temps qui lui est défavorable survient, nous serons privés de vendange, et il ne restera pas de ressource à celui qui n’aura pas cultivé plusieurs variétés ; tandis que si vous composons notre vignoble de plusieurs espèces, il y eu aura toujours quelqu’une de préservée, qui nous donnera ses fruits. Toutefois ce motif ne doit pas nous déterminer à multiplier beaucoup ces variétés : réunissons la meilleure dans une quantité convenable ; puis celle qui en approche le plus, enfin une troisième ou même une quatrième qualité : alors contentons-nous de ce que nous appellerons ce quatuor d’élite. Il est bien suffisant de tenter la fortune par quatre chances de vendange ou par cinq tout au plus. Pour la seconde des questions que je viens de me proposer, je n’en doute nullement, il est à propos de classer et de distribuer par espèces les vignes chacune dans son quartier, que l’on séparera par des sentiers et des chemins ouverts du levant au couchant ; c’est ce que je n’avais pu moi-même obtenir de mes gens, c’est ce que je n’ai pas vu exécuter, même par ceux qui m’approuvaient le plus : une telle symétrie est, en effet, une œuvre très difficile pour tous les paysans, parce qu’elle exige beaucoup d’attention dans l’examen et le choix des plants. Pour y parvenir, il faut le plus souvent seconder les hasards heureux par la prudence, et quelquefois (comme dit Platon, ce divin auteur) être attiré par le charme du beau, vers un objet que la faiblesse de notre nature mortelle ne nous laisse guère l’espoir d’atteindre. Au surplus, si le temps nous le permet, si la science et notre pouvoir y concourent, nous ferons