Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/319

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très volontiers ce travail, quoique pour une telle œuvre il faille une assez longue existence, en raison du grand nombre de ceps qui demandent quelques années pour être reconnus ; car toute sorte de temps n’est pas propre à cette étude, et telles vignes qu’à cause de la ressemblance de la couleur, du bois, et des sarments, on ne saurait distinguer, seront reconnues par leur feuillage et par leurs fruits parvenus à la maturité. Je n’affirmerai pourtant pas que, quelque zèle qu’on mette dans l’examen, il puisse être conduit à bien par un autre que par le père de famille. La négligence seule pourrait s’en rapporter à un fermier et même à un vigneron : car, quoique la chose soit facile, très peu d’agriculteurs sont capables de déterminer quels sont les ceps qui produisent du vin noir, quoique pourtant la couleur de la grappe soit apparente pour le moins habile.

Doit-on planter par quartiers distincts les diverses espèces de vignes ?

XXI. Je connais un moyen de faire en peu de temps, si le vignoble est ancien, ce que nous nous sommes proposé pour la plantation des marcottes de chaque espèce dans des compartiments respectifs, et je ne doute point qu’ainsi on puisse se procurer en peu d’années des milliers de sujets tirés des cépages greffés, et qu’il ne soit ainsi possible de faire des plants de vignes différentes et distribuées par régions. Plusieurs motifs d’utilité peuvent nous déterminer à agir de cette manière. Pour commencer par les moins puissants, je dirai d’abord que dans toutes les positions de la vie, non seulement pour l’agriculture, mais encore pour toute autre science, un homme de sens est plus satisfait de voir chaque chose classée par espèces distinctes, plutôt que jetée, en quelque sorte, au hasard et perdue dans la foule. Ensuite, la personne la plus étrangère à la vie rustique, venant dans un champ régulièrement