Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/321

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planté, admirera avec un grand plaisir les bienfaits de la nature en voyant des bituriques, riches de leurs grappes ; des helvoles, qui les égalent en fécondité ; là les arcelles, ici les spionies et les royales, dont une terre fertile se couvrant tous les ans, semblable à une mère qui ne cesse d’enfanter, offre aux mortels ses mamelles gorgées de moût. Parmi tant de richesses, grâce à Bacchus, on contemple l’automne resplendissant de rameaux chargés de grappes ou blanches, ou jaunes, ou rouges, ou brillant de l’éclat de la pourpre, et multipliant de toutes parts des fruits de toutes les couleurs. Quoique ce spectacle enchante les regards, l’utilité y surpasse encore le plaisir de la vite. Le père de famille descend d’autant plus volontiers de la ville pour en jouir, que sa terre est plus opulente ; et ce que le poète dit en parlant d’une divinité sacrée : « Le vrai beau se présente partout où le dieu porte ses regards, » peut s’appliquer au propriétaire visitant fréquemment son domaine, et par sa présence y faisant naître les fruits en plus grande abondance. Je passe sur cet avantage, qui peut aussi être remarqué dans les vignes non classées ; et je vais continuer à examiner ce qui, dans les premières, doit surtout attirer notre attention. Les diverses espèces de vignes ne défleurissent pas en même temps, et leurs raisins ne parviennent pas ensemble à la maturité. Il en résulte que celui qui n’a pas fait la séparation que je viens d’indiquer, subira nécessairement un de ces deux inconvénients : ou il recueillera le fruit tardif avec le précoce, et alors le vin éprouvera de l’acidité, ou bien il attendra que le tardif soit mûr, et il perdra la vendange du hâtif qui, exposée à la voracité des