Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/323

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oiseaux, au vent et à la pluie, ne peut guère échapper à ces trois fléaux. Si, au contraire, il s’attache à recueillir séparément les raisins de chaque variété, il faut qu’il s’attende à être trompé par les vendangeurs : car il n’est pas possible de donner à chacun d’eux des inspecteurs qui les observent et qui prescrivent de ne pas mêler le raisin vert avec le mûr. D’ailleurs, quand même toute la vendange serait également mûre, si les espèces sont différentes, le goût de la meilleure sera altéré par celui de la moins bonne, outre que plusieurs saveurs confondues ne permettent pas au vin de vieillir. Dans une telle circonstance la nécessité contraindra le cultivateur de vendre au plus tôt sa récolte de vin, tandis que le prix en augmenterait s’il pouvait, sans crainte d’altération, différer sa vente jusqu’à l’été ou à l’année suivante. La séparation des variétés offre un avantage éminent, en ce que le vigneron procède plus facilement à la taille quand il connaît la nature du quartier sur lequel il va opérer : ce qu’il est difficile d’observer dans les vignes mélangées, parce que la majeure partie de la taille a lieu à urne époque où la vigne ne porte pas encore de feuilles qui puissent les faire reconnaître. D’ailleurs il est fort important que, suivant la nature de chaque espèce, le vigneron laisse beaucoup ou peu de bois, de manière à les lancer en leur laissant de longs sarments, ou bien à les contenir par une taille plus courte. L’orientation du vignoble n’est pas non plus à négliger car, toute espèce ne se plaît pas indifféremment à une exposition ou froide ou chaude, puisque, parmi les vignes, les unes ont la propriété de se fortifier au midi parce que le froid leur est dommageable, les autres de désirer