Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/335

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dans toute leur étendue, parce que les sautelles s’enracinent vite et facilement, de manière que chaque nouvelle vigne s’affermit sur ses racines comme sur des fondements. Il n’en est pas de même de celle qui, étendue tout de son long en terre, s’y est enchevêtrée en manière de grille, y forme comme les mailles d’un filet, souffre de l’enlacement de plusieurs de ses racines, et dépérit autant que si elle était surchargée d’une multitude de sarments. C’est pourquoi, après tout, je préférerais la plantation de deux marcottes au risque qu’offre une seule, et je ne regarderais pas comme une économie, ce qui, dans tous les cas, peut conduire à une dépense plus considérable.

Mais la dissertation qui a fait l’objet du livre précédent exige que nous nous occupions sans plus tarder de la matière que nous avons promis de traiter dans celui-ci.

Qu’une nouvelle plantation de vigne ne tarde pas à périr, si un ne la féconde par une culture assidue et bien faite.

III. Dans toute espèce de dépenses, comme dit Grécillus, l’homme déploie en général plus d’énergie pour entreprendre une nouvelle opération que pour en suivre le perfectionnement. Certaines personnes, ajoute-t-il, commencent des édifices depuis leurs fondements, et après la grosse construction, ne s’occupent plus des embellissements. Quelques-unes mettent beaucoup d’activité à construire des navires, et quand ils sont achevés, elles ne les pourvoient ni d’agrès ni de matelots. Tel a la manie d’acheter des bestiaux, tel autre celle d’acquérir des esclaves ; mais ni l’un ni l’autre ne s’inquiète de leur entretien. Beaucoup de gens aussi détruisent par leur légèreté les bienfaits dont ils ont favorisé leurs amis.

Ces conséquences, Silvinus, ne doivent point nous étonner, puisque nous voyons des hommes qui nourrissent