Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/337

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chichement des enfants que de tous leurs vœux ils demandaient au mariage, et qui ne cultivent ni les dispositions de leur esprit ni celles de leur corps. Qu’en faut-il conclure ? que des fautes semblables sont ordinairement commises par ces cultivateurs qui, par divers motifs, abandonnent, avant qu’elles soient mises en état de produire, les vignes que pourtant ils avaient admirablement plantées. D’autres, voulant éviter une dépense annuelle, et regardant comme le premier et le plus certain revenu l’absence de toute dépense, abandonnent bientôt par avarice leur vignoble, comme s’ils avaient été contraints à le planter. On en voit qui tiennent beaucoup plus à la grande étendue qu’à la bonne culture de cette exploitation. J’ai connu bon nombre de gens qui étaient persuadés qu’il suffisait de cultiver un champ, bien ou mal. Quant à moi, je juge que toute espèce de terre, et surtout les vignobles, ne peut bien produire, si elle n’est travaillée avec un grand soin et par un homme habile. En effet, la vigne est un arbrisseau délicat, faible, redoutant surtout les intempéries, qui souvent se consume par ses efforts excessifs et ses surabondantes productions, et qui périt par sa propre fécondité, si on ne sait pas la modérer. Cependant lorsque, au bout de quelque temps, elle a pris de la force et est parvenue à une sorte de vigueur juvénile, elle ne souffre pas trop de la négligence ; mais, pendant sa première jeunesse, si on ne lui donne pas les soins convenables, elle est bientôt réduite à une extrême maigreur, et elle s’exténue tellement, que désormais aucune dépense ne peut la rétablir. Il faut donc poser, en quelque sorte, ses fondements avec un grand soin, et dès le premier jour de sa plantation, s’occuper de ses membres comme de ceux d’un enfant : si on ne procède pas ainsi, toute dépense tombera en pure perte, et le moment propre à chaque opération n’ayant pas été saisi, il sera impossible d’y revenir. Croyez-en mon expérience, Silvinus,