Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/363

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appuis de forts jougs, qui sont un assemblage ou de perches de saule, ou de roseaux réunis en petits faisceaux, afin qu’ils aient de la roideur, et qu’ils ne fléchissent pas sous le poids des raisins : alors on peut conserver deux sarments à chaque plant, à moins que, trop grêles, quelques-uns d’eux n’exigent une taille plus rapprochée : ce qui forcerait à ne conserver qu’un jet, auquel même on ne laisserait qu’un petit nombre d’yeux.

Comment on construit le joug.

XVII. Le joug le plus solide et le moins coûteux est fait avec des perches. Il faut plus de travail pour assembler les roseaux, parce qu’on les lie en plusieurs points de leur longueur, et parce qu’on les assujettit en plaçant alternativement leurs cimes d’un côté et de l’autre, pour que tout le joug offre une égale épaisseur ; autrement, la partie faible, cédant au poids, fléchirait et entraînerait à terre le fruit mûr, qui y serait plus exposé aux chiens et aux autres animaux ; tandis que, composé de roseaux assemblés en faisceaux, et présentant alternativement le pied et la tête, le joug peut durer près de cinq ans.

Pour la taille et les autres opérations de la culture, la méthode à suivre ne diffère point de celle qui est mise en pratique pour les deux premières années : ainsi on fera exactement le déchaussement en automne, et on regarnira de provins les pieux vacants. Ce dernier travail rie doit jamais être interrompu, et une année ne doit pas s’écouler sans qu’il ait été fait : car, comme nos plantations ne sauraient être immortelles, nous leur assurerons ainsi l’éternité en substituant de nouveaux plants à ceux qui ont péri ; et nous nous épargnons la douleur de voir périr toute l’espèce par une négligence qui aurait duré