Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/369

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rendre plus exacte l’appréciation des journées de travail, sur lesquelles on ne saurait tromper quand les jugères sont partagées en portions égales. Bien plus, la fatigue semblera d’autant moindre qu’on donnera à ces carrés des dimensions moindres, et l’ardeur des ouvriers sera d’autant plus grande : car souvent l’immensité d’un travail qui presse inspire le découragement. Il n’est pas moins utile de pouvoir connaître les forces et le produit de chaque partie du vignoble pour juger le point qui réclame plus ou moins la main du vigneron. En outre, ces sentiers offrent aux vendangeurs et aux ouvriers une voie commode et assez large tant pour la réparation des jougs et des échalas, que pour le transport des appuis et celui des récoltes.

De la position du joug, et combien il doit être élevé au-dessus du sol.

XIX. Pour la position du joug, il suffit de dire à quelle distance il doit être au-dessus du sol : cette distance sera de quatre pieds au moins, et de sept au plus. Cette dernière élévation cependant ne conviendrait pas aux jeunes plants : car ils ne doivent pas d’abord atteindre cette hauteur, mais n’y parvenir qu’après une longue suite d’années. Au reste, plus le sol et l’air sont humides, moins les vents sont violents, plus haut doit être élevé le joug ; car alors la vigueur des vignes permet de leur laisser prendre plus d’élévation ; les grappes, d’ailleurs, plus éloignées de la terre, sont moins exposées à pourrir ; outre que c’est le seul moyen de tirer un parti avantageux des vents qui sèchent ainsi promptement les brouillards et l’humidité malfaisante, ils contribuent puissamment à faciliter la défloraison de la vigne et à donner de la qualité au vin. Au contraire, un terrain maigre, ou situé en pente, ou brûlé par l’ardeur du soleil, ou exposé à l’impétuosité des