Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/7

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NOTICE

SUR COLUMELLE


Quoique dès la plus haute antiquité les hommes se soient occupés de la culture des champs, et que l’on ait dû songer de bonne heure à recueillir des observations et à tracer des préceptes écrits, il ne nous est rien parvenu des auteurs géoponiques des diverses nations de ces temps reculés. Les Grecs eux-mêmes nous ont laissé peu de chose en ce genre ; les écrits agronomiques des Carthaginois ont péri, et nous ne possédons de ce que leurs impitoyables vainqueurs s’approprièrent par la traduction, que quelques phrases de Magon, citées en langue latine.

Les Romains seuls nous ont légué sur l’agriculture des ouvrages étendus. Columelle surtout, le plus important de leurs écrivains géoponiques, en est aussi le plus élégant, et, plus que tout autre, offre dans son style le bon goût du siècle d’Auguste.

A la vérité, il était né en Espagne ; mais celui que don Clémente[1] appelle avec raison « ce génie créateur, l’homme de l’Espagne et de l’agriculture,» vécut longtemps à Rome, et s’était formé à l’art de bien parler et de bien écrire, dans cette capitale du monde romain qui était devenue le véritable centre du mouvement intellectuel, de la civilisation et des affaires. C’était aussi aux environs de la ville éternelle que l’agriculture était exercée par les plus habiles et souvent les plus nobles mains : là il était vrai de dire que le soc s’enorgueillissait parfois du laurier des vainqueurs du monde qui le faisaient fonctionner.

Espagnol donc, formé vraisemblablement à l’agriculture par cet oncle paternel qu’il cite avec éloge et chez lequel s’étaient sans doute conservées quelques-unes de ces notions agronomiques que les compatriotes de Magon avaient dû répandre dans la péninsule Ibérique ; ayant séjourné en observateur dans la Cilicie et la Syrie ; devenu possesseur d’une terre dans le canton d’Ardée, à

  1. Essai sur tes variétés de la vigne en Andalousie.