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Pons (Sylvain)[1], né vers 1785 ; fils tard venu de M. et madame Pons, qui fondèrent, avant 1789, la célèbre maison parisienne de broderies d’uniformes achetée, en 1815, par M. Rivet ; cousin germain de la première madame Camusot du Cocon d’or, unique héritière des fameux Pons, frères, brodeurs de la Cour ; prix de Rome, sous l’Empire, pour la composition musicale, revint à Paris vers 1810, et fut célèbre pendant quelques années par des romances et des mélodies fines et pleines de grâce. De son séjour en Italie, Pons rapporta surtout le culte du bibelot et le goût des objets d’art. Sa passion de collectionneur dévora presque tout son patrimoine. Pons devint le rival de Sauvageot. Monistrol, Élie Magus apprécièrent secrètement, avec envie, les richesses artistiques ingénieusement et économiquement rassemblées par le musicien. Pons, ignorant lui-même la valeur brute de son musée, courut le cachet, enseigna l’harmonie. Cette inconscience le perdit plus tard ; car il était d’autant plus amoureux de tableaux, de pierres ou de meubles, que la gloire lyrique lui fut refusée, et que sa laideur, compliquée de sa prétendue pauvreté, l’empêcha de se marier. Les satisfactions de la gourmandise remplacèrent celles de l’amour ; il rencontra également dans l’amitié de Schmucke des compensations à son isolement. Pons pâtit de son goût pour la bonne chère ; il vieillit en parasite au delà même du cercle de sa famille, toléré tout juste par ses petits-cousins, les Camusot de Marville et leurs alliés, Cardot, Berthier, Popinot. Ayant rencontré, en 1834, à la distribution de prix d’un pensionnat de jeunes filles, le pianiste Schmucke, professeur comme lui, il trouva, dans l’étroite intimité qui se forma entre eux, un dédommagement aux mécomptes de son existence. Sylvain Pons dirigeait l’orchestre du théâtre dont Félix Gaudissart fut l’imprésario durant la monarchie de Juillet. Il y fit admettre Schmucke, auprès duquel il habita, rue de Normandie, une maison appartenant à C.-J. Pillerault, et vécut heureux plusieurs années. Les rancunes de Madeleine Vivet, celles d’Amélie Camusot de Marville, ainsi que les convoitises de la concierge madame Cibot, de Fraisier, Magus, Poulain, Rémonencq, aggravèrent peut-être chez Pons une hépatite dont il mourut (avril

  1. M. Alphonse de Launay a tiré, de la vie de Sylvain Pons, un drame qui fut représenté à Paris, au théâtre Cluny, vers 1873.