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VÉRITABLE HISTOIRE DE REVENANT

du prétendu revenant ou esprit qui hantait la maison. Au départ des visiteurs, je remarquai que mon ami verrouillait et barrait soigneusement la porte de devant. Souhaitant le bonsoir à la famille, je me retirai, et pris grand soin de bien fermer la porte de l’escalier du passage. Bien déterminé à savoir de quoi était fait le revenant, je sortis de mon sac de camp un manche de hache de relai en noyer dur, que j’avais apporté. Il mesurait environ dix-huit pouces de long, et était assez lourd pour infliger un bon coup. Je le mis sur la table, je pris un livre et me suis mis à le feuilleter. Onze heures sonnèrent ; c’était l’heure du revenant.

Pas le moindre bruit ! Allais-je être désappointé ? Ce fut bientôt onze heures et demie, et pas le moindre revenant en vue. Évidemment, il n’était pas en veine de politesse. Je m’endormais ; j’avais une longue course à faire le lendemain. Mettant quelques allumettes à ma portée, j’éteignis la lampe et me couchai.

J’avais à peine mis la tête sur l’oreiller que j’entendis un léger coup sur la maison, puis des pas. Je prêtai attentivement l’oreille dans le silence absolu qui régna pendant quelques instants. Alors, j’entendis distinctement des pas régulièrement cadencés, quelqu’un gravissait l’escalier. C’était pour moi le moment.

Je sortis du lit sur la pointe des pieds, en m’armant du manche de hache ; j’avais laissé ma porte de chambre entr’ouverte tout exprès. Je me lançai du côté de l’escalier les deux bras tendus pour m’appuyer de chaque côté. Je me heurtai en bas à la porte qui était restée fermée. Je l’ouvris et entrai dans le petit salon. Le chien était près du poêle, grondant. Rien de visible. Mais, attendez ! Qu’est-ce que ça pouvait être ? Des pas résonnaient dans ma