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Premières années



MON père était trafiquant de fourrures (traiteur). À l’âge de seize ans il entrait au service de la Compagnie du Nord-Ouest. En 1821, à l’union de cette compagnie avec celle de la Baie d’Hudson, mon père, comme plusieurs autres, entra au service de la nouvelle organisation, position qu’il remplit pendant quarante ans.

Durant cette période, on lui confia nombre de postes, depuis le Saint-Laurent jusqu’à l’Ungava. C’était pour ainsi dire la règle ou coutume pour la compagnie de changer ses agents de postes tous les quatre ou cinq ans. C’est ainsi que je vins au monde à un petit poste de la compagnie aux îles Jérémie, aujourd’hui depuis longtemps abandonné.

Ce fut au poste de la rivière du Nord-Ouest, à l’anse Hamilton, que nous fîmes le plus long séjour ; nous y demeurâmes sept ans.

J’étais l’aîné d’une famille de douze enfants, dont huit garçons et quatre filles. Ma bonne mère avait coutume de me dire, alors que j’étais tout petit, qu’on m’avait trouvé sur la grève, à côté d’un saumon. (La cigogne n’avait pas de chance aussi loin au nord). Il y avait quelque chose de prophétique dans son dire, car j’ai été, ma vie durant, intimement associé au saumon. Y compris cette saison de 1909, ce sera ma quarante-neuvième comme gardien particulier à la rivière Godbout, l’une des plus belles rivières du Canada pour la pêche du saumon à la ligne.

En 1879, le gouvernement fédéral me nommait officier des pêcheries dans la division de la Godbout, position que j’occupe encore. Avant cette nomination, j’avais en location plusieurs stations de pêche à la seine dont le rendement, en moyenne, était de