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LE SAUMON ET SES MIGRATIONS

neuse, à tel point que ses écailles ci-devant si brillamment argentées ne sont plus visibles. Comment cette métamorphose s’est-elle opérée ? Par un long séjour dans l’eau douce, vous répond-t-on. Très bien ! Mais comment se fait-il que le même poisson, continuant de séjourner dans l’eau douce, en ressorte au mois d’avril, avec encore une brillante livrée ? Il n’est pas plus gras, il est resté lingard (Kelt,) mais il est tout pimpant et resplendissant. Comment est-ce arrivé ? C’est ici où j’ai quelque chose de neuf à dire.

Le saumon a fait peau neuve. Il a mué, secoué sa vieille écaillure limoneuse et s’en est formé une nouvelle, de la même façon qu’un animal jette son poil, les oiseaux leurs plumes et les reptiles leur peau qui elle aussi est écailleuse.

Il me semble voir un sourire d’incrédulité errer sur les lèvres du lecteur. J’en ai déjà surpris en effet, même dans la physionomie de M. Charles Hallock, l’ancien rédacteur du Forest and Stream, quand, il y a quelques années, je lui énonçai cette théorie. Il était, cette année-là, un des invités à la rivière Godbout. J’avais préparé pour lui et mis dans l’alcool un morceau de peau de saumon indiquant le développement des nouvelles écailles. Je lui avais aussi fait part de ce que je croyais être la raison du phénomène. Il sourit et promit d’écrire un article à ce sujet dans le Forest and Stream ; mais il a dû l’avoir oublié, car l’article n’a jamais paru. Depuis j’ai parlé une couple de fois de la chose à d’autres personnes, mais la mine et le silence de ces gens-là étaient trop significatifs ; aussi n’insistai-je pas. Le fait n’en existe pas moins, comme j’ai pu le vérifier dans maintes investigations que j’ai pu faire.

Alex. Russell, dans son ouvrage The Salmon, page 85, a une vague perception de quelque chose