Le Major Henry Scott
Comment il perdit sa canne
URANT une nuit orageuse du mois d’août 1886, je
fus réveillé par quelqu’un qui frappait à ma porte.
C’était chose ordinaire que de se faire éveiller de la
sorte, parce que j’étais fréquemment appelé à sortir
pour des cas de maladie. Mais, à la manière que l’on
avait frappé, j’avais deviné un étranger. Après avoir
répondu à l’appel, je sautai à la hâte de mon lit et
allai à la porte en chemise de nuit. Il pleuvait à
torrents. Affublés des pieds à la tête de toile cirée,
m’apparurent deux individus. Je reconnus de suite
dans l’un d’eux le capitaine de notre goélette de la
poste. L’autre était un étranger, de haute stature,
parfaitement charpenté et paraissant avoir environ
cinquante ans.
— Je suppose que vous êtes M. Comeau, dit-il. Je fis signe que oui.
— J’ai une lettre d’introduction pour vous. Voici ma carte. Excusez-moi, s’il vous plait, si je vous dérange. La raison en est que j’ai ma femme avec moi et qu’elle a été très malade depuis deux jours à bord de la goélette, et je voudrais bien, si c’est possible, la faire descendre à terre ce soir. Je lui dis qu’il était le bienvenu et qu’il pouvait de suite venir à terre avec elle. Lorsqu’il fut parti, je déchiffrai sa carte :
Major Henry Scott, late of 9th Lancers, Army and Navy Club, Dover, England. |