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Notre voyage de retour



NOUS fûmes, deux jours durant, les hôtes de M. Antoine Labrie du Cap Chat. Dès à bonne heure, le troisième jour, tout étant prêt, nous partîmes avec quatre des meilleurs chevaux que nous avions pu nous procurer.

Juste au moment de laisser le village, l’un des cochers me demanda si je ne croyais pas prudent, en cas de nécessité, d’emporter une bouteille de brandy. Je lui répondis que, personnellement, je n’en avais pas besoin, mais que si les autres croyaient la chose nécessaire, il pouvait en acheter, et je lui passai $1.25. C’est alors qu’il me dit qu’il ne pouvait obtenir une bouteille à moins d’être malade lui-même, mais que, à titre d’étranger et ayant un frère malade, le curé me donnerait le certificat obligé. Comme nous avions à passer devant la maison du brave curé, j’entrai chez lui et je reçus un papier portant ses initiales et de grosses marques rouges tracées au pinceau ; sur ce document on remit au cocher l’article demandé au dépôt de pharmacie.

C’est extraordinaire comme les cochers devinrent subitement transis deux ou trois fois ce jour-là, par un fort vent d’ouest sur le nez. Il nous fallut trois heures et demie pour nous rendre aux Capucins, petit bourg situé à dix milles à l’ouest du Cap Chat, où nous prîmes le dîner et nous fîmes reposer les chevaux. Sur le soir, nous arrivions aux Méchins ; ce qui nous fit en tout vingt-cinq milles ce jour-là ; étant donné l’état affreux des chemins, nous nous déclarâmes satisfaits.

Nous logeâmes pour la nuit à la ferme de M. Létourneau, où nous fûmes cordialement traités et nous eûmes au souper un magnifique steak de caribou ;