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NOTRE VOYAGE DE RETOUR

Cette offre généreuse de la part d’un étranger me causa une surprise telle que, pour un moment, je restai sans répondre. Finalement, je le remerciai beaucoup de ses bonnes intentions et de sa grande bonté, et je lui dis que, pour le moment, nous n’étions pas assez dans le besoin pour me justifier d’accepter une offre aussi généreuse. Je demandai ensuite quel était ce jeune homme, et l’on m’apprit que c’était un M. Gauvreau, et qu’il était libraire à Québec. Je ne pus avoir son prénom, pas plus que je ne l’ai rencontré depuis, mais si ces quelques lignes lui tombent sous la vue quelque jour, je désire lui réitérer mes remerciements.

Le conducteur du train de l’Intercolonial était M. Couturier, de Lévis, qui nous obligea grandement en faisant d’un double siège un lit où mon frère put s’étendre confortablement. À la station de Trois-Pistoles, on apporta à mon frère du bon bouillon chaud et des rôties de pain, et les autres membres de notre parti furent servis de même façon chez M. Déry et sa famille, où l’on refusa toute rémunération.

Nous arrivâmes à Lévis, il faisait nuit et l’on vint nous dire, qu’à cause des glaces il n’y aurait pas de bateau-traversier ce soir-là ; de sorte que je dus chercher à nous loger. Dans un hôtel du voisinage, après bien des sollicitations, je pus obtenir une petite chambre dans le haut de la maison, ce qui était fort embarrassant, attendu que mon frère était trop faible et trop souffrant pour marcher ; il nous fallut le transporter.

Nous prîmes le thé et le déjeuner dans l’endroit, et l’on nous chargea le modeste prix de six piastres et demie. Quelles que fussent les qualités de ce logeur, il n’avait certainement pas celle de l’humanité.

Nous n’avions vraiment pas à nous plaindre, car, dans tout notre parcours qui dura un mois, ce fut la