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TROIS AIGLES DORÉS

qui m’était venu de feu le colonel Allan Gilmour, d’Ottawa, et l’antre, fusil à un seul coup, calibre 8, fabriqué sur commande par Greener, de Birmingham, avait un diamètre assez large pour recevoir de la chevrotine à destination des loups-marins et des oies. Ce fusil avait été baptisé de « Sure Kill » (mortel) par mon ami Monsieur Robert McLimont. En pareilles circonstances, je me servais d’abord de mon Sure Kill, en gardant celui de 10 de jauge pour achever les estropiés. Je m’assurai de chacun d’eux et m’étendis de nouveau, décidé à attendre une demi-heure de plus. À ce moment-là, les oies d’en avant n’étaient pas à plus de quarante verges de distance.

J’étais toujours enveloppé dans ma couverture de laine, me mettant aussi à l’aise que pouvait me le permettre l’espace exigu de mon creux. Je pensais au nombre d’oies que j’allais probablement abattre, quand, tout à coup, il se fit un fracas de battements d’ailes et de honks. J’en tressautai, et lâchant là ma couverture, je saisis mon Sure Kill. Il était trop tard. Les oies étaient déjà loin hors de portée, et je ne tirai pas un seul coup.

Je découvris de suite la cause de cette panique. C’était un aigle doré qui rôdait à l’entour des oies afin de gripper quelqu’oiseau blessé ou malade. Il n’est pas dans mes habitudes de jurer, mais je n’en garantis rien pour cette fois-là.

Qu’importe ! Il y avait une vengeance à tirer. Dès que l’aigle se trouva à portée, je le descendis avec mon fusil calibre 8. Je le rechargeai aussitôt et je courus chercher l’oiseau. C’était un magnifique spécimen. Je m’assis dans mon creux, et je me mis à examiner son riche plumage et ses serres puissantes.

Soudain, j’entendis un cri strident au-dessus de ma tête. En jetant l’œil j’aperçus deux autres