Page:Comeau - La vie et le sport sur la Côte Nord du Bas Saint-Laurent et du Golfe, 1945.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
311
CHARLES MOREAU

il avait quelque chose à faire, il rentra dans le phare, et au même moment, il entendait une autre détonation.

Quelques minutes après, en revenant à sa place, il fut quelque peu surpris de ne plus trouver le canot en vue. Avec sa lunette il scruta soigneusement tout l’horizon, mais ne put découvrir quoi que ce fût. Il présuma que, s’étant absenté plus longtemps qu’il ne le croyait, pendant ce temps-là, le canot avait gagne terre et était entré dans une des nombreuses petites baies du voisinage.

Ils étaient partis de bon matin. Vers une heure de l’après-midi, voyant qu’ils ne revenaient pas, le vieux Gabriel commença à s’inquiéter de ce retard de son fils adoptif. Il alla au phare, pensant qu’il pouvait s’y trouver. M. Fafard lui fit part alors de ce dont il avait en connaissance. On en conclut donc que Charles pouvait être allé à la Baie Trinité, à six milles à l’est, pour se procurer des effets et des munitions, car il y avait dans l’endroit un magasin où ils se rendaient souvent.

La nuit vint, cependant, et pas de nouvelles. Dès à bonne heure le lendemain matin, plusieurs canots partirent à leur recherche dans toutes les directions. D’autres gens parcoururent la grève à pied, mais on ne trouva jamais de traces des deux chasseurs et de leur canot.

Quelques personnes supposèrent que quelqu’énorme requin aurait pu éventrer ou fait chavirer le canot mais, personnellement, je pense que la cause de la tragédie fut un accident d’arme à feu. Le jeune Jordan qui conduisait le canot avait un fusil, tout comme Charles, du reste, et je crois que son fusil accidentellement ou autrement, se déchargea, pro-