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Chanceux coup de ligne



ON DIT souvent : Il n’y a rien de nouveau sous le soleil ; ce qui est assez vrai, en somme ; mais il survient parfois, des incidents tellement rares, qu’on peut les regarder comme du nouveau quand ils se produisent. Et en autant que j’en puisse juger d’une expérience personnelle, le fait suivant est un de ces cas-là.

On prend la truite au filet dans la Godbout, pas pour l’exterminer comme se l’imaginent bien erronément certaines gens, mais tout simplement pour en garder le nombre dans une limite raisonnable et les empêcher de commettre trop de dégâts. Il en reste assez pour permettre au pêcheur à la ligne de jouir de la pêche.

Un jour de gros temps, le steamer du gouvernement fédéral, le Constance, avait jeté l’ancre ici en attendant que le temps devînt plus calme. Son commandant, le capitaine Geo. M. May, était descendu à terre pour envoyer quelques dépêches. J’étais tout prêt à partir pour la pêche, lorsque le capitaine débarqua. Les dépêches expédiées, je dis au commandant :

— Pourquoi donc ne viendriez-vous pas à la pêche avec moi, tenter votre chance du côté de la truite ?

Comme il n’avait apporté ni perche, ni agrès de pêche, il ne voulut pas me déranger et me priver de ma perche de ligne. Je finis tout de même par le décider et nous voilà en route. Nous devions pêcher chacun notre tour, une demi-heure durant, et nous devions tendre les filets l’un pour l’autre. Nous fîmes une magnifique pêche ; nous prîmes plus de trois douzaines de truites pesant chacune depuis une demi-livre jusqu’à quatre livres et demie.