Rivières à saumon
URANT les quinze dernières années, j’ai reçu
des centaines de lettres me demandant des
renseignements sur les rivières à saumon. Je leur ai
invariablement répondu au meilleur de ma connaissance.
Pour le bénéfice de ceux qui peuvent être
à la recherche de pareils renseignements, j’ajouterai
ici quelques notes sur nos différentes rivières et leur
rendement, et je me risquerai à dire quelque chose
de ce qu’à mon avis on pourrait retirer des quelques
autres.
Cependant, avant d’aller plus loin, je dois déclarer que les rivières exigent deux conditions avant de devenir des rivières à saumon, et que ces conditions sont : eau parfaitement propre, et espaces suffisants pour les frayères, avec bons fonds de sable. Le saumon peut fort bien entrer dans des cours d’eau boueuse ou polluée, mais il n’y fraiera pas. Y fraierait-il, que je crois que les œufs ne s’y développeraient pas, de sorte qu’il n’est pas d’alevinage qui pourrait y changer quelque chose.
À preuve, la rivière Sainte-Anne à quelques milles à l’est de Québec. En octobre 1878, Monsieur H. Stanley Smith, qui était alors propriétaire de la rivière Sainte-Anne, me pria de faire l’inspection de la rivière pour m’assurer si elle pouvait être améliorée d’une façon ou d’une autre. Il me dit qu’il avait dépensé environ quatorze mille piastres pour diverses fins sur la rivière, telles que engagement d’un certain nombre de gardiens, achat de propriétés avoisinantes et l’ensemencement de la rivière de menu fretin de saumon. Je crois qu’il m’affirma en avoir ainsi semé en différents temps un total de plus d’une centaine de mille unités, et tout cela, sans résultat apparent.