Accidents de chasse
L n’est pas de saison de chasse qui ne se termine
sans quelques accidents fatals. Sans doute, certains
d’entre eux sont inévitables ; il arrive, par exemple
qu’une balle effleure une branche ou un arbre et,
par conséquent, dévie de sa trajectoire. Mais les deux
bons tiers de ceux qui se produisent sont le fait de
négligences et de connaissances insuffisantes de la
manipulation et de la portée des armes à feu.
Je descendais le Saguenay en bateau en septembre 1899 et j’examinais un touriste qui, armé d’une puissante carabine, tirait sur tout ce qui passait sur l’eau, peu importait la direction. Par deux fois j’attirai son attention sur le fait qu’il tirait dans la direction d’habitations qui n’étaient pas à plus de mille verges de distance. Il paraissait ne pas avoir la moindre idée de la portée de ces carabines modernes. Que cela fût dû à l’ignorance ou quelque défaut de la vue chez lui, je n’en puis rien dire, mais certainement il y avait danger pour ceux qui se trouvaient dans le voisinage de cet individu.
J’en ai vu d’autres manier des fusils et des carabines chargées, comme si c’eût été des manches à balai, en les manœuvrant sur tous les points du compas, sans avoir l’air de s’apercevoir qu’ils étaient une menace pour la vie de leurs propres amis.
À l’époque des anciens fusils se chargeant à la baguette, on était excusable de rapporter au camp ou à la maison, suivant le cas, un fusil chargé ; c’était grand trouble alors que d’en extraire les charges, surtout les balles, tandis qu’aujourd’hui, avec les fusils à culasse, la charge et la décharge de l’arme s’opèrent si promptement, qu’il n’est pas excusable,